ACTUALITÉ Vendredi 4 - samedi 5 juillet 2008 5 VILLAGE AOURIR (GUENZET) Après 42 ans d'attente, l'eau arrive Le village Aourir d'Aït Yalla, situé à l'est du pays, à 55 km au nord de Bordj-Bou-Arreridj et à 86 km à l'ouest de Sétif, a vécu hier des moments de fête intense. Et pour cause, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce village martyr a attendu plus de 40 ans pour que ses habitants puissent voir de l'eau couler dans leurs robinets. Ainsi, c'est au rythme d'Aourir (nom de la fête) que vibreront les citoyens qui célébreront l'arrivée de l'eau si attendue. Aourir, sol natal de l'ancien Premier ministre Smail Hamdani, a été privé donc d'eau pendant plusieurs décennies ayant eu des conséquences catastrophiques puisque cela a entraîné un exode massif des villageois vers des cieux plus cléments. Conscients de la situation, la nouvelle équipe communale de Guenzet, notamment son président, s'est attelée à cette tâche simple, mais vitale. En quelques mois, les villageois se sont vu offrir ce cadeau précieux si espéré. A cette occasion, plusieurs personnalités ont été invitées, dont le wali de Sétif, le chef de daïra de Guenzet et des personnalités natives de la région d'Aït Yala. Toujours dans ce cadre, l'association El Amel, animée par la dynamique madame Zaidi N a initié le premier concours de «couscous nath Yalla ». Ces joutes culinaires vont dans le sens du renouveau du patrimoine authentique de la région. Les concurrentes sont exclusivement des femmes du village d'Aourir. Enfin, après que le fantôme de la mort ait rôdé sur le village pendant plus de 42 ans, cette arrivée d'eau est à la fois salutaire et symbolique car il va certainement permettre au village d'Aourir de renaître de ses cendres. Pour mémoire, le village ayant servi de PC au colonel Amirouche a subi un bombardement par l'armée française le 6 juin 1956. La fin de ce largage de bombes aériennes, ayant commencé à 10h et terminé à 19h15, a été suivie par un ratissage des forces coloniales de toute la région. Une opération punitive et assassine qui a visé l'élimination de deux groupes de moudjahidine se trouvant au village ; l'un chez la famille Ali Chabouni et l'autre chez la famille Akli Hanifi. Cette expédition criminelle a eu comme conséquence la mort de 14 civils, le rasage du village à 80% et le déplacement de l'ensemble des villageois vers Guenzet et les villages avoisinants. Les stigmates sont toujours visibles actuellement. Tahar Houchi