Les gens qui font mon village:à l'ombre de l'olivier
Lyazid NIth Yaala : Le temps de la jeunesse et de l'insouciance, le temps de l'amusement , et des bêtises, quand les grandes vacances approchent, avant même qu'on prennent congé de l'école, on commence à préparer le départ vers le bled ,
y passer tout l'été et y rester jusqu'à la rentrée scolaire ,était un bonheur ,c'est les retrouvailles entre cousins et cousines , c'est les soirées interminables, parfois jusqu'au petit matin, dans les fêtes, mariages, et les visites de courtoisies, c'est également des sorties aux champs, tous ensemble, petits et grands dans une atmosphère de joie et de convivialité, un véritable pique-nique géant, qui prend une ampleur cérémonials , "sahel" ou "iharkan" se trouvent à quelques jets de pierres du village,
le grand père (Lakhder Bahmed né en 1889,dit-on) ,ouvre la marche avec chevaux et bétails, suivit de prés par une armadas de mômes et de femmes, le tout dans une ambiance bon enfant.
le grand père, un paysan, au sens vrai du terme, était un homme fort et sévère, endurci par son passé de troubadour dans les pays d'Europe ou il avait vécu une partie de sa jeunesse dans les mines de France et d'Allemagne avant de regagner sa terre natale et s'y installer, le colosse aux yeux bleus, et à la chevelure blonde, un" viking" en soi, c' est ainsi qu'on le prénommait dans le voisinage.
de peur, personne n'osait lui adressait la parole, tout le monde l'évitait, et à chaque fois qu'on avait a faire à lui, on s'adressait d'abord à la grande mère, (Menana) une femme douce et sage; elle était notre intermédiaire, et qui répondait souvent et positivement à nos désirs,
Lakhder avait du charisme et de la prestance, dans le temps, on racontait qu'une fois, Slimane,(slimane Bahmed) son frère ainé, d'habitude de tempérament calme et stoïque, et qui était pendant la période coloniale premier vis président de la commune de Guenzet,(1945/1952) avait ce jour là, des démêlés avec son cousin germain Saïd (DDa sa3a),on lui infligeant une fessée , une correction sévère et dure.
touché dans son amour propre et torturés par les remords, Saïd ; revient le soir armé d'un gourdin pour se venger .Slimane , lui tient ces propos " n'élève pas la voix, Lakhder est là, à la maison!!!!!!" car le faite de citer le nom de Lakhder suscite peurs, frustrations et angoisses, et immédiatement, Saïd, se retourne sur lui-même, lâche le gourdin et prend ses jambes au cou!.et il disparait sans donner de nouvelles pendant toute une semaine.
une autre fois, Slimane avait invité, quelques hommes à l'aider à s'approvisionner en bois dans les maquis en prévision de l'hiver, le lendemain à l'aube, les hommes se présentent, et trouvent le bois entassés, et bien rangés ,il s'est avéré que Lakhder, a trainé et porté à lui tout seul les énormes troncs d'arbres ,depuis "Ighdem" jusqu'au village distant de 3 à 5 kilomètres.
le grand père avait l'habitude d'emprunter chez un voisin(lahcen uhafi) ,une arme à feu, une sorte de mousqueton, a long canon, pour tirer quelques salves a l'arrivée aux champs et faire fuir les sanglier qui faisaient ravage sur les cultures, c''est son plus jeune fils, khaled qui s'en charge. Ce jour là, yahia(yahia umaaza) ,son petit fils, un véritable tourbillon de malices et de ruses était de la partie, envouté par le fusil que portait son oncle khaled, il n'as pas cessé de l'importuner pour qu'il le lui prête , durant tout le parcours, yahia, taraudait, gesticulait, et essaye de convaincre et fini enfin, par gagner la confiance de son oncle, l'arme sur l'épaule en bandoulière yahia prend de l'assurance et intimide les autres enfants occupés à harceler un vieux mulet, ce dernier agaçait ,se rebelle et donne un coup de sabot qui a failli toucher yahia , s'empresse de répondre en saisissant le fusil par le canon et assène un coup de crosse qui alla se fracasser en deux morceaux distincts sur le dos du mulet, aussitôt c'est le branle bas; il court vers le gourbis, pose le fusil dans un coin, bien droit, comme si de rien n'était, et se met à l'affut, à l'entrée, guettant le premier venu qui touche à l'arme.
d'autres moins jeunes, aussi veinards se sont attelés à vider la gourde d'eau, (boubekeur,nacer,idris,zine,kholfa,meziane…) la remplisse d'air, et l'a mouille avec un peu de liquide de façon a ce qu'elle paraissent toujours pleine, assoiffé, fatigué, Lakhder s'assit sous le grand figuier, ou sur l'une de ses branche pendait la gourde à portée de mains, il se lève pour s'en servir et étancher ainsi sa soif, quelle fut sa déception lorsqu'il ouvre la gourde un souffle d'air vient se plaquer contre son visage!!!!!il lève la tète ,regarde tout autour et la haut sur le monticule une foule de gamins se tordait de rires, ils étaient loin, et la force de jeunesse qu'il avait auparavant, l'avait déjà quittée depuis bien longtemps.
et ce n'est pas encore fini, car le soir venu, en se préparant à rentrer au village, il envoya son fils khaled récupérer le fusil, yahia aux aguets ,voyant son oncle à pas presser, tente de saisir l'arme et sans même le toucher, aussitôt yahia jaillit de l'ombre et s'écrie "tu l'a cassé!!!!!!".
sans trop tarder, yahia et les autres enfants ont compris qu'il fallait quitter au plus vite les lieux ,ils prennent la route du retour ,et de loin, de très loin même, la voix du grand père ,une voix de rage qui résonnait à travers monts et vaux, à croire que les montagnes tremblaient!!!
plus tard, les enfants ont grandi, la sagesse s'installe aussi, yahia, l'enfant terrible, est devenu plus intentionné envers son grand père, comme tous les autres enfants chacun à sa manière, lui qui adorait le fromage "la vache qui rit", que lui apportait ,avec amour , son petit fils Farouk (Bouchemla) .
l.ouali Mai 2014