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ITHYAALA
8 décembre 2014

LES GENS QUI FONT MON VILLAGE : "AMEKSSA"


"AMEKHSSA" 
LE BERGER DU VILLAGE
( à la mémoire de l'Mokhtar)

tôt le matin, souvent à l'aurore, le troupeau de chèvres ; arrive à la placette du village, une sorte de terrain vague de quelques mètres carrés qui a perpétuellement changé d'endroit au file du temps,d'abord au lieu- dit "l'hara thadjtit (la maison neuve), puis "lotta l'kious"(le terrain aux tirs ) et enfin "tizi l'koulidj"(la crête de l’école) un lieu de rassemblement pour les bovidés. Le berger (Amekhssa) était là,bien avant, une sacoche en bandoulière ,un bâton à la main et son chien comme seul compagnon.

Les chèvres, des "Maltaises" dit-on, rustique et féconde, le pis développé et charnu. renommée pour son lait, habituées au parcours, elles se rendent toutes comme par magie au même endroit, la placette se remplit, petit à petit. Le berger connait, non seulement , toutes les chèvres , une par une, mais aussi leur propriétaire ,c'est ce dernier qui paye mensuellement le berger selon le nombre de chèvres et de jour de pâture. 
Et lorsque tous les caprins sont rassemblés, il se lève, et d'un coup de sifflet donne l'ordre de départ , aidé par son chien ,le troupeau se met en marche vers la montagne, là ou l'herbe est grasse , l'eau de source fraiche, et les graminées et légumineuses en abondance.
Passe toute la journée jusqu'au couché, une fois les mamelles pleines, le- troupeau reprend le chemin du retour, regagne la même placette, et de là, les chèvres rejoignent ,par instinct, leur étable respective sans presque jamais se tromper, il arrive, qu'une chèvre téméraire s'aventure dans les dédales des ruelles du village, elle est vite retrouvée par son propriétaire, et dirigée immédiatement vers l'étable pour la traite ….
Parfois une chèvre met bas en pâturage,le berger s'empresse à prodiguer tous les soins nécessaires au chevreau, et le ramener sain et sauf au village puis jusqu'a la maison du propriétaire.

Ce qui est étonnant, voir surprenant, c'est quand le berger prend son jour de congé hebdomadaire, généralement le vendredi, les bovidés restent calmement et sagement dans les étables, sans montré signes de stress ou d'angoisse, on dirait qu'elles devinent qu'elles ont droit aussi au repos.

on rapporte l' histoire émouvante de ce berger , frappé par le triste sort du décès de sa femme au cours d'un accouchement à domicile, le berger au pâturage ne se doutait de rien, à son retour les villageois accourent vers lui ,le félicite de la naissance d'un fils, sans pouvoir lui annoncer la mauvaise nouvelle, mais le berger finit par le savoir , inconsolable les larmes aux yeux ,et dit en s'adressant aux gens du village "que vais-je faire, moi qui m'occupait des chèvres ,qui doit s'occuper de mes enfants maintenant? 

La placette de "l'hara thadjtit" n'existe plus, remplacée depuis, par une maison, les chèvres aussi, par des sachets de lait, à portée de main chez l'épicier du coin, le berger ,un métier disparu et oublié depuis bien longtemps dans mon village.
L.Ouali Mai 2014

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