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ITHYAALA
22 avril 2015

BENI YAALA : UNE CITADELLE DU SAVOIR ECLAIRE

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Une région qui a enfanté de grands éruditsUne région qui a enfanté de grands érudits

Vendredi 17 avril, Guenzet, fief des Beni Yaâla est en effervescence juvénile.

L'Association culturelle «Ith Yalla» s'apprête comme à son accoutumée et depuis sa création en 2010 à célébrer la «Journée du Savoir». Ses invités venus d'Alger, Blida, Bou Saâda et d'ailleurs sont les hôtes de l'habitant. Ce nid d'aigle et, en dépit de la beauté de ses reliefs forestiers, ne dispose pas encore de structures hôtelières. MM.Nadjib Atmani et Mohamed Ghafir dit Moh Clichy, président et vice-président de l'association sont à pied d'oeuvre pour accueillir les convives et veiller au confort de leur séjour. Les jeunes, conduits par le sympathique Latif Hafri, président de l'Association «Azar» (Racines), sont sur les lieux des «opérations», en l'occurrence la bibliothèque municipale fraichement inaugurée.
M.Bachir Sadoun, maire de la commune aux 22 villages est sur les lieux. A la cérémonie inaugurale on pouvait distinguer la présence de l'ancien directeur du programme intergouvernemental d'informatique de l'Unesco, le professeur Youcef Mentalecheta, polytechnicien de renom et «père de l'informatique algérienne», Yacine Ould Moussa, enseignant universitaire et consultant en sciences de l'économie, Kamel Bouchama, auteur, ancien ministre et ancien ambassadeur, Younès Grar, expert en technologie de l'information et de la communication, Dr Benadouda, ancien président de la FAF, ancien secrétaire général du ministère de la Santé et de la Population et ancien maire de la cité, des hommes de presse tels que Driss Dakik et Abderrezak Dekkar. Il est à signaler que les quatre derniers cités, tirent, tous, leur origine première de ce terroir accroché aux nues. Deux dames, à l'allure distinguée et venues, sans nul doute, de la capitale, cassaient par leur présence un machisme désuet mais, pour le moins, ataviquement ancré.

Le berceau de l'éveil nationaliste
Le 52 minutes sur la région des Beni Yaâla de Nadia Eulmi, inaugurera, dès la veille, ces joutes culturelles où la présence des jeunes est assez marquée ce qui débarrasse l'événement de toute solennité obséquieuse. Affairés à installer les moyens audiovisuels ayant permis de visualiser le document filmé, ils ajoutaient, par l'éclat de leurs voix rieuses une note d'insouciance.
De bonne facture technique, le documentaire aura pêché, cependant, par un soupçon d'excluvisme en faveur de la seule guerre de Libération nationale. Les Beni Yaâla n'ont rien à prouver en ce qui concerne la lutte armée contre l'occupation coloniale quand de leur matrice, sont issus de grands noms tels: les Kahal, Gaid, Debih,Bougara, Ghafir, Zekkal, Boukhalfa et bien d'autres qu'on ne peut tous citer. Un des berceaux de l'éveil nationaliste par la magie de la plume et dans le sillage des Ouléma, cette même matrice a enfanté Cheikh El Hachemi ben Tayeb et Cheikh Arezki Salah. Smail Hamdani, homme politique et homme d'Etat, appartient lui aussi, à ce clan que Bachir Saâdoun, qualifie et à juste titre de «vivier des élites». Le lendemain, soit le samedi 18 avril, ouverts par une courte récitation du Saint Coran et l'hymne national, les travaux débuteront par une allocution de bienvenue de Bachir Saâdoun, sus-qualifié. Le mot clé de l'intervention aura été le souci constant de transmettre aux jeunes générations le message des anciens à l'effet de leur faire prendre conscience des sacrifices consentis par leur descendance pour la survie d'une nation qui plonge ses racines dans la nuit des temps. «Quand on sait d'où l'on vient, on saura, immanquablement, où l'on va!» dira-t-il en substance.
La première séance, modérée par Y. Ould Moussa, qui n'a pas encore d'égal dans l'animation pleine d'esprit truculent, donne la parole au premier conférencier, qui avertira d'emblée qu'il s'agit, tout simplement, d'une causerie autour de son dernier recueil d'articles, intitulé «La santé publique, une profession de foi» dont Farouk Zahi est l'auteur. Cet ancien cadre de l'administration sanitaire à la retraite expliquera pourquoi a-t-il choisi Guenzet pour présenter son ouvrage au public. Pour trois raisons principales dira-t-il: ami de longue date de cette cité généreuse, il veut rendre, ainsi, hommage à trois figures de son ancienne corporation professionnelle natives de la région, qui sont, le défunt Salah Lakel, adjoint technique de la santé qui sillonnait à dos de mulet les escarpements et les désolations steppiques de l'ancien Titteri pour porter l'acte sanitaire à ses congénères brimés par le fait colonial, la chahida Malika Gaid, formée à l'école d'infirmière de Sétif et qui aurait pu opter pour une vie citadine feutrée et sans risques et enfin pour l'un des principaux bâtisseurs du système national de santé qu'a été Amar Benadouda encore parmi nous. L'auditoire suivra, non sans intérêt, le cheminement historique de cette belle oeuvre qu'aura été, le système national de santé depuis son état embryonnaire dans le maquis, jusqu'à sa naissance en post-indépendance et enfin jusqu'à sa maturité et les contingences qu'il subit sous les coups de boutoir d'une libéralisation débridée.
Une séance intercalaire est consacrée aux jeunes talents de la littérature contemporaine. Elle donnera l'occasion à Walid Sahli, jeune auteur, pour présenter son roman Ghriba (l'Etrangère)....?!. Lauréat du 2è Prix «Mohamed Bencheneb» obtenu en 2012 à Médéa, Walid affirme qu'il s'agit d'une fiction inspirée de faits réels dont les personnages sont du giron des Beni Yaâla sauf que, les patronymes sont escamotés par des noms d'emprunt.
La troisième et dernière séance modérée par Nadjib Atmani, président de l'association Ith Yaala qui, dans un arabe littéraire chatoyant, dame le pion aux unijambistes linguistiques, réaffirmant, ainsi, son appartenance à la civilisation arabo-berbère. Luttes d'un peuple, émergence d'une nation tel est l'intitulé du dernier ouvrage de Kamel Bouchama qui n'est plus à présenter, dans ses moments de transe intellectuelle. Il s'en donnera à coeur joie, pour dérouler, pendant, plus d'une heure et demie les phases de cette fresque historique. Il ne se donnera même plus la peine de revenir aux annotations d'avant-conférence. Féru de belles-lettres et d'histoire ancienne, il martèlera, tout au long de son intervention l'enracinement millénaire de cette nation et dont «nous» n'avons pu vendre l'image à tous les niveaux qu'ils soient: politique, diplomatique, ou encore moins, touristique. Ce peuple remonte à 10.000 ans d'âge, faisons de cet ancrage un atout universaliste que la mondialisation éhontée nous dispute.

Voyage à travers les siècles
La perte des repères identitaires, c'est l'effacement inexorable de l'Etat-nation. Comme sur un mythique tapis volant, Bouchama fera voyager l'auditoire de l'Atlantique à l'oasis de Siwa la berbère en Haute Egypte. Sheshhonq I,II,et III de la Berbérie libyenne n'étaient-ils pas Pharaons de la XXIIe dynastie égyptienne?... s'est-il trouvé un seul historien pour rappeler cela à la vindicte vociférante des médias égyptiens au lendemain de leur débâcle footballistique d'Oum Dourmane? Point de voix! Aphones, nous l'étions indubitablement. La Numidie de Massinissa et de Gaya, la Maurétanie césarienne de Juba II l'empereur savant et le créateur de la première université du monde l'an 33 av.J.-C. Il voguera ensuite, des Fatimides des Beni Kotama, fondateurs historiques de El Foustat (Le Caire moderne) aux fastes de Cordoue en passant par La bataille de Hattin ou bataille de Tibériade qui a eu lieu le 4 juillet 1187 près du lac de Tibériade, en Galilée.
Elle opposait les armées du royaume chrétien à Saladin qui s'est fait aider par les Maghrébins et à leur tête Cheikh Abi Médiène Chouaib, érudit et guerrier à la fois. L'assistance, notamment juvénile, «buvait» les paroles de l'orateur dans un silence quasi religieux. Arrivant à l'ère contemporaine, il appuiera sur le trait en parlant de l'Emir Abdelkader, dont la personnalité et le combat sont étudiés plus ailleurs que dans son fief et pour lequel, il voua un amour sans limites. Larbi Ben M'hidi et ses frères de combat clôtureront cette anthologie qui vient, sans nul doute, égayer le quotidien d'une Histoire nationale décidément morose. Venu spécialement de Bou Saâda, le barde de la poésie populaire, Abdelhafid Abdelghafar, déclamera plusieurs de ses odes qui ne laisseront pas insensible l'auditoire par le caustique des strophes. La cérémonie de clôture, verra la distribution de distinctions sous forme d'un diplôme gravé sur du verre ouvragé. Que la population de Guenzet, trouve dans ces lignes, la gratitude de ses hôtes d'un moment fut-il aussi court.

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